Visite aux ANOM du 30 juin 2023
Notre groupe de l’ADBS PACA, constitué d’une dizaine de professionnels de l’information et de la documentation, a eu le plaisir de d’être accueilli le 30 juin 2023 aux Archives Nationales d'Outre-mer, les ANOM.
Depuis longtemps, l’ADBS PACA rêvait de visiter les Archives Nationales d’Outre-mer (ANOM) et les trésors de sa bibliothèque. Quel plaisir lorsque nous avons reçu l’accord de son Responsable du département des publics et des systèmes d’information, M. Poinas. Tout heureux de se retrouver dans ses locaux, à Aix-en-Provence, notre groupe de l’ADBS PACA, constitué d’une dizaine de professionnels de l’information et de la documentation, a eu le plaisir de d’être accueilli le 30 juin dernier, par Laetitia Levrat, chargée de l’action culturelle, et Sandra Jean-Baptiste, Agent d’accueil, de surveillance et de magasinage, qui nous ont présenté l’épopée de la construction du bâtiment.
Constituées essentiellement de fonds provenant des anciennes colonies françaises – et non des protectorats, comme celui du Maroc, dont les archives sont conservées à la Courneuve –, la plupart de ces archives sont arrivées en bateau. Les quelque 900 tonnes d'archives des ANOM ont commencé à être rassemblées autour de 1958, puis ont été transférées à Aix-en-Provence en 1962. En raison de la diversité des sources, les règles de classement se sont révélées assez chaotiques au début. Au fil des transferts, le nombre d'archives a considérablement augmenté, totalisant près de 37 km de documents, 60 000 documents d’archives cartographiques, 140 000 photographies et 120 000 livres . Ces documents vont du traité de paix signé en 1701 avec des chefs amérindiens aux fiches individuelles de bagnards de Cayenne datant d'il y a un siècle.
Après le transfert des archives des ministères des colonies en 1986 depuis Paris, et les lecteurs de plus en plus nombreux, les ANOM disposent d’une nouvelle salle de lecture, de lieux d’expositions et d’un accueil des chercheurs.
A la découverte du très riche fonds des ANOM
L’essentiel des archives ANOM est constitué des archives des administrations publiques, des ministères des colonies, mais il peut y avoir aussi des fonds d’origine privée (comme des archives d’entreprises liées aux colonies, ou des albums photographiques personnels), au terme d’une évaluation effectuée par le personnel scientifique.
Qui peut faire des recherches aux ANOM ?
Beaucoup d’universitaires, mais il peut y avoir des personnes privées : réalisateurs, journalistes… La salle de lecture est ouverte Du lundi au vendredi , avec une moyenne de fréquentation de 40 personnes/jour, servies par 5 levées le matin et 5 l’après-midi. Généralement les archives sont communiquées librement mais il peut y avoir parfois des délais de communicabilité (par exemple, lorsque le document concerne un mineur ou des informations relevant du médical). Le logiciel utilisé est LIGEO.
Les magasins
Nous avons eu le privilège d’entrer dans les magasins, où le système de conservation, s’il ne dispose pas de climatisation, ne connaît pas de contrainte d’espace et où les documents sont rangés dans des simples boîtes « Cauchard », qui ont fait leurs preuves depuis longtemps dans la conservation. Par contre, des testeurs d’hygrométrie ont été installés, et il y a un atelier de restauration sur place. Il est déjà arrivé qu’un magasin doive être évacué ! C’est pourquoi les ANOM réalisent beaucoup de conservation préventive (dépoussiérage, conservation…).
Une question fuse : y a-t-il des restitutions d’archives, comme il peut y avoir des œuvres d’art restituées ? En fait, seule une décision politique peut le permettre, car le principe qui prévaut est l’inaliénabilité des archives.
Une activité intense de numérisation
C’est pourquoi beaucoup de fonds sont numérisés. Pour beaucoup il s’agit d’un contre-la-montre afin de prévenir la détérioration inéluctable de documents… L'Etat-civil, matricules de bagnards, mémoires de Toussaint Louverture pour les archives sur l’esclavage… Les demandes de numérisation proviennent du monde entier.
La surprise du barrage
Un exercice d’alerte pendant notre visite « rupture du barrage du Bimont » a causé un peu d’émoi, mais a prouvé son efficacité avec les quelques SMS reçus par les visiteurs, et la reprise de la visite a permis de poser à nouveau des questions : y a-t-il des déclassifications avant 50 ans ? Oui, cela peut arriver, par exemple des archives pour l’Algérie.
Voir de près quelques dossiers
Les dossiers des bagnards de Cayenne
Les archivistes nous ont montré un dossier de bagnard : il est émouvant de voir toute l’histoire d’une personne, ses caractéristiques physiques, les faits qui lui étaient reprochés, retracée et suivie scrupuleusement par l’administration pénitentiaire.
Le radeau de la méduse
Saviez-vous que les archives du radeau de la Méduse se trouvent aux ANOM, qui en conservent le souvenir ? En 1816, ce navire de plus de 150 personnes fut piégé par un banc de sable près des côtes du Sénégal, alors possession française. C’est ainsi que l’on peut consulter tous les détails de ce naufrage où seules 15 personnes ont survécu sur le fameux radeau.
Bibliothèque
La bibliothèque nous a été présentée par Sylvie Pontillo, chargée d’études documentaires. Le fonds est extraordinaire, avec environ 120 000 volumes répartis sur 4,5 ml et constitué de 4 fonds bibliographiques, chacun possédant sa propre cotation. Et ce n'est pas tout, le fonds s’enrichit chaque année grâce aux achats et aux dons. En 2022, la bibliothèque a reçu un don de 2000 ouvrages portant sur l'AOF (Afrique-Occidentale française) et le Dahomey, et 1500 ouvrages sur la Réunion sont attendus.
Nous avons également eu la chance de découvrir quelques-uns des ouvrages les plus rares, tels que « Le Petit Prince » traduit en langue tifinagh (écriture utilisée par les Berbères pour écrire leur langue), un descriptif exhaustif de l'environnement naturel de Madagascar, un précieux ouvrage sur la Chine et un autre sur l'Algérie avant la conquête... (voir photos ci-dessous).