Intelligence économique, Covid, Résilience et Territoires

L’intelligence économique constitue un secteur majeur du champ de l’information, des données et des documents. Sa dimension plus conceptuelle de stratégie d’entreprise a été abordée lors d’un précédent numéro de la revue I2D (juin 2017). Dans ce dossier, nous en abordons la dimension plus pratique, à travers sa rencontre avec les territoires, en intégrant des retours d’expériences, en croisant les regards de chercheurs universitaires et de professionnels de terrain, en nous appuyant à la fois sur des témoignages et sur des articles scientifiques. Dans un double contexte de transformation numérique et de crise sanitaire, la dimension transversale de l’identité numérique et de la lisibilité des territoires constituera un fil conducteur.

 

Créé en 1979, le Groupement français de l’industrie de l’information (GFII) se définit comme un écosystème professionnel des acteurs de la donnée et des contenus. Ancré dans le concret, il se fonde sur la confiance, le dialogue, la coopération. Face à la crise de la Covid-19, le GFII, qui a poursuivi son activité pendant le confinement, se veut un acteur majeur de la résilience, par la donnée et par le numérique.

 

Depuis la loi Pour une République numérique d’octobre 2016, les communes de plus de 3 500 habitants doivent ouvrir en ligne leurs données publiques (open data). Pour aider les élus et les collectivités locales engagées dans cette démarche, l’association OpenDataFrance, en collaboration avec le GFII, mène des actions de sensibilisation et d’accompagnement. En effet, c’est une opération délicate qui doit être pleinement maîtrisée. À la clé : un enjeu de souveraineté des pouvoirs publics, indispensable pour la modernisation et de la résilience des territoires. À cet égard, la crise de la Covid, qui favorise une logique de proximité, est un révélateur, et peut-être une chance.

La course à la suprématie technologique, notamment dans les domaines de l’IA, de l’informatique quantique et de la 5G, entre les deux « hégémons » américain et chinois, dessine une géopolitique de l’innovation qui laisse peu de place à une Europe en mal d’autonomie stratégique.
Comment reprendre la main ? Tout d’abord, en réajustant nos grilles de lecture des rapports de forces technologiques et économiques mondiaux, ainsi que des stratégies sophistiquées de nos grands concurrents, États-Unis et Chine.
Face à ces deux géants, qui ne respectent pas les règles du jeu, usant de la force et de la ruse (arme de l’extra-territorialité du droit américain, interventionnisme de l’État chinois, « encerclement cognitif »), « l’agir stratégique » européen devra se traduire par une refonte de la politique de concurrence et une stratégie industrielle offensive.
Pour cela, l’Union européenne devra continuer de déployer et de renforcer son arsenal de sécurité économique, redéfinir rapidement sa doctrine à l’égard des investissements étrangers. Cette stratégie pro-active s’impose aussi si l’on veut gagner le combat en cours pour la maîtrise des données privées et des données des entreprises.

Cet article rend compte des formes organisationnelles accompagnant la mise en œuvre des politiques de données sur le territoire de l’agglomération rennaise. L’évolution de ces politiques soutenues par la métropole en dix ans montre un glissement d’une logique de gouvernement des données publiques vers des pratiques de gouvernance informationnelle impliquant davantage d’acteurs autour d’un principe de gouvernementalité numérique. Ces transformations organisationnelles sont illustrées en suivant la chronologie de trois projets emblématiques témoignant de cette trajectoire. En considérant ces démarches comme de nouveaux instruments de gouvernement, nous questionnons aussi la dimension gestionnaire accordée à la « participation citoyenne » dans un cadre élargi (intégrant des acteurs privés), ainsi que les limites de ces usages des technologies numériques en matière d’inclusion de certains usagers.

Dans le contexte de la crise de la Covid-19, face à un environnement économique de plus en plus incertain et à des entreprises fragilisées, l’Intelligence économique (IE) représente un enjeu majeur pour la Gendarmerie nationale (GN). Mais cette préoccupation n’est pas nouvelle pour la GN : pleinement inscrite dans la politique publique d’IE lancée en 2005, elle a su déployer un arsenal d’outils et de solutions et tirer profit de son maillage territorial pour s’affirmer auprès des acteurs de la vie économique du pays. Son expertise en matière de sécurité économique, fruit d’une longue histoire, en fait un référent apprécié en matière de prévention des risques qui pèsent sur les entreprises (et les particuliers) avec l’apparition notamment des nouveaux territoires numériques.

 

Dans un monde de plus en plus engagé dans les guerres du sens entre grandes puissances, comment un analyste peut-il faire sens des informations partielles apparaissant au fur et à mesure du déroulement des événements ? À travers plusieurs exemples liés aux stratégies chinoises déployées entre janvier et septembre 2019 dans le cadre de la pandémie de Covid-19, l’article examine l’intelligence stratégique chinoise à l’œuvre, en même temps qu’il s’interroge sur l’intelligence stratégique au sens analytique du terme, et plus particulièrement sur les mécanismes de l’analyse elle-même.

La crise sanitaire du Covid a conduit le gouvernement à mettre en place, dans l’urgence, une stratégie inédite de traçage des personnes via l’application StopCovid. La mise en place de cette application a soulevé de nombreuses questions polémiques concernant la protection des libertés individuelles et des données à caractère personnel.

 

 

Comment mettre en œuvre une dynamique territoriale de proximité collective entre les professionnels de ville, l’hôpital, les services d’aide et de soins à domicile et les usagers ? L’association Appui & Vous dans les Deux-Sèvres déploie depuis vingt ans des activités d’information et de coordination dans le domaine des services d’aide et de soins, en lien étroit avec tous les acteurs de la santé. Au cœur de son travail, le partage d’information, notamment via les dossiers patients partagés. Pionnière en matière d’utilisation des données et d’outils numériques, l’association s’interroge toutefois sur les perspectives et les enjeux des data dans le système de santé.

La Caisse d’allocations familiales (Caf) de Seine-et-Marne est l’une des 101 Caf sur le territoire national. Son activité est cruciale, puisqu’elle verse des prestations familiales et sociales à un Seine-et-marnais sur deux. Face à la crise de la Covid-19, elle a su faire preuve de résilience, en déployant, dès le 11 mars 2020, un important plan d’action, qui lui a permis de poursuivre ses missions sans interruption ni dégradation. À la clé : le télétravail, la mobilisation des salariés, l’innovation.

 

La crise de la Covid-19 a mis un terme à des pratiques touristiques souvent excessives ainsi qu’à la croissance des mobilités internationales (et professionnelles) par voie aérienne. Le tourisme de demain ne repartira pas sur un retour au business as usual : si les fondamentaux demeurent, les destinations et les acteurs doivent s’adapter, se renouveler et proposer de nouveaux produits, adaptés à la période particulière que nous vivons.

 

Première destination touristique d’Europe grâce notamment aux deux parcs d’attraction Disneyland Paris et World Disney Studio, le modèle de développement du Val d’Europe, fondé sur une mono-spécialisation, a été mis à mal par la crise sanitaire de la Covid-19. Ce territoire singulier cherche à se réinventer en s’orientant vers des formes de slow tourism ou tourisme durable.

La pandémie de Covid-19 a entraîné la sidération des acteurs participant à l’activité touristique (transports, hébergement et restauration, loisirs, culture, centre de congrès et lieux d’événements). Une critique radicale, du développement du tourisme visant les secteurs des croisières, du transport aérien ou le sur-tourisme avait déjà vu le jour avant la crise sanitaire et de nouvelles pratiques commençaient à émerger dans le secteur de l’événementiel. La crise actuelle est un accélérateur de la remise en cause du schéma de développement touristique de masse. Il n’y aura pas de retour au business as usual. Les territoires touristiques doivent donc apprendre à devenir résilients.

Cet article de recherche permet de comprendre comment l’information se transmet en période de crise et quelle coopération se construit entre des acteurs médiatiques et académiques spécialisés sur le secteur du tourisme. Nous partirons de l’hypothèse qu’en période de crise, une collaboration des compétences se construit pour apporter des informations fiables et de qualités aux lecteurs. À travers une veille sectorielle des médias et des revues scientifiques pendant (17 mars 2020 – 11 mai 2020) et après le confinement (11 mai 2020 – 11 septembre 2020), nous illustrerons les différentes sources d’informations portées par chacun des acteurs, qu’ils soient médiatiques ou académiques.

De la fermeture du site à sa réouverture au public, la crise de la Covid-19 a eu des conséquences à court et à moyen termes sur les activités du musée de la Grande Guerre de Meaux. Cet article, rédigé par deux médiatrices culturelles du Musée, témoigne des difficultés et de l’incertitude auxquelles les équipes ont été confrontées, mais aussi de leur résilience et de leur créativité, notamment via un renforcement de l’offre digitale.

 

Après le confinement et les mesures sanitaires dues à la Covid-19, les instances touristiques ont été mises au défi. Comment relancer le dynamisme du territoire ? Attirer et fidéliser les visiteurs ? Au sein du Département de la Somme, l’Office de tourisme, aidé par le plan financier de relance et une charte commune, a eu à cœur de faire preuve d’adaptation et d’innovation. Pendant toute la saison estivale 2020, le public a été au rendez-vous, avec les précautions de rigueur, plébiscitant visites guidées et activités de plein air, nautiques en particulier. Il faut dire que « le Pays du Coquelicot », lieu de mémoire international marqué par la Grande Guerre, possède un patrimoine exceptionnel. 

Situé autour d’un ancien pont-aqueduc romain, le Pont du Gard est un site patrimonial exceptionnel, qui accueille un million de visiteurs par an. Il bénéficie du label Patrimoine mondial Unesco et appartient à la Réserve de biosphère des Gorges du Gardon. Face à la première vague de la Covid, le site a dû arrêter, puis adapter son activité. Grâce à la résilience de l’équipe et à la détermination de son directeur, la saison 2020 a été maintenue. La crise devient aussi un moment de réflexion stratégique. Comment promouvoir un tourisme durable, une offre touristique de qualité, adossée au développement économique de la région, mais dans une logique de sauvegarde et de développement durable ? Sébastien Arnaux identifie deux points clés : le renforcement du réseau territorial de tous les acteurs du secteur et la responsabilisation des usagers à l’égard de leur territoire.

 

Pour interroger le rôle de la bibliothèque pendant la pandémie et plus généralement pendant les crises que traverse la société actuelle, l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) a organisé un séminaire à distance intitulé « Les bibliothèques en temps de crise : le cas du Covid-19 ». Au programme, neuf ateliers-sessions, autour des notions d’hospitalité, de vulnérabilité, d’intention, d’espace public. Au beau milieu du confinement, en mars 2020, et jusqu’à décembre 2020, 1 600 bibliothécaires francophones se seront livrés à un fructueux exercice d’intelligence collective et de reconstruction de sens. Objectif : imaginer ensemble des services adaptés à l’évolution de la société.

Cet article étudie les pratiques informationnelles des enseignants sous l’angle de la Gestion personnelle de l’information (GPI). Il aborde les questions suivantes : quelles sont les pratiques GPI des enseignants et comment ces pratiques rendent-elles compte de leur culture de l’information ? Il s’agit d’une étude exploratoire articulant un questionnaire et un suivi longitudinal de trois enseignantes pendant deux ans et demi. Les analyses portent sur deux types de situations : la conception de documents pour l’enseignement et l’organisation de la documentation. Trois domaines de connaissances sont mobilisés dans ces situations : informationnel, technologique et professionnel. Ces domaines sont des composants de la culture de l’information des enseignantes suivies.

 

L’article présente les résultats d’une étude sur l’usage de la plateforme HAL par les 62 laboratoires de recherche de l’Université de Lille, réalisée en avril 2020. L’analyse a porté sur les dépôts dans HAL, sur la création d’une collection et sur la part des documents en libre accès. La comparaison des unités selon leur domaine scientifique révèle quelques différences disciplinaires, aussi bien par rapport au nombre total des dépôts (notices et documents) que par rapport aux dépôts des publications en texte intégral. L’article distingue entre plusieurs approches types et propose quelques explications pour ces différences.